Avec « so down and go more » ROUGE SAGAN livre un double album 14 titres qui évoque la destruction des deux villes bibliques Sodome et Gomorrhe par le feu.
La première partie du disque, Sodome, est composée de 6 titres entre poésie et New-wave, musique de film et musique contemporaine planante, rock expressionniste et grunge noise théâtral. L'introduction est un instrumental totalement incandescent et désarticulé. Il y a de la lave dans cette musique qui s'annonce, mais en même temps c'est lunaire. Ça laisse présager la musique à venir: une rêverie folle, et comme tout rêve, cela repose sur une certaine forme de naïveté, d'adolescence, un espoir que la musique dite actuelle a encore à voir avec un sentiment d'éternité. 
La deuxième partie de l'album, Gomorrhe, entreprend un renouveau après le feu. Les morceaux sont construits comme des scénarios de film, la violence est palpable dans les mots et dans la musique: dans « Monarchie », une jeune punk éprise d'un membre de la famille royale ne faillit pas à son idéal et plutôt que se compromette dans un confort social aristocratique, elle finit par crever son idylle royale et son amant à coups de cutter lors d'une partie de chasse...dans « Mélancolie irrémédiable », ce dialogue théâtral on ne peut plus minimaliste et intimiste, est construit comme un poème musical qui joue sur la fragilité de l'intimité absolue. La nuit transfigurée porte bien son nom, un morceau entre songe, ballade noise et mélodie comme de la dentelle cold wave - Renaissance jusqu'à une reprise sensible de Joy Division, she's lost control. C'est d'ailleurs bien à cela que s'attelle le duo: à nous faire perdre le contrôle, perdre le contrôle de nos sens, perdre la limite entre rêve et réalité, se perdre dans la sensation pure et dans l'émotion.
Leeds M et Fred M jouent sur le fil constamment, mettent en scène sans artifice ni compromis leur proposition musicale riche, dense et sensuelle comme une musique de la nuit.
Leur univers évoque Jean Cocteau. C'est d'ailleurs à ce dernier que Rouge Sagan a pensé pour la construction de ce double album. 
« Si le feu brûlait ma maison, qu'emporterais-je? ».
Si ta maison brûle, qu'emporterais-tu en partant ? Cocteau répondait: « j'aimerais emporter le feu ». Pour faire cet album, les 2 de Rouge Sagan n'ont pris que leur feu, c'est là l'essentiel. Il y a des digressions dans leurs morceaux, des focales et des gros plans, des annexes et des notes dans la marge, à la façon dont Marcel Proust peut s'attacher à évoquer une description détaillée de sinueuses sensations, ici des mélodies purement instrumentales qui donnent une explication ou un sens plus précis que le texte chanté qui lui-même reste juste évocateur. Mais étrangement et paradoxalement, tout est joué sur l'essentiel et presque de façon minimaliste.
Avec un son cru et pur, ROUGE SAGAN est plus que jamais à contre courant, l'amour des deux musiciens envoûte et plane sur tout l'album et les compositions de Fred M se mêlent mieux que jamais à la voix de Leeds M, entre fragilité et théâtralité sensible. La poésie moderne.
Vive le spleen.